Le corps, témoin de notre histoire de vie

« Si nous avons notre corps en esprit, c’est parce que cela nous aide à gouverner le comportement en toutes sortes de situations qui pourraient mettre en danger l’intégrité de notre organisme et compromettre notre vie. » Antonio R. Damasio

Le système de stress est commun à l’ensemble des espèces puisqu’il revêt par nature une fonction de sauvegarde. Malgré le caractère sécuritaire de nos sociétés et l’absence de véritables « prédateurs », ce mécanisme archaïque façonne aujourd’hui encore nos comportements et régit aussi une bonne partie des troubles liés à l’anxiété.
En effet, le sujet du stress est omniprésent dans les sociétés modernes et fait l’objet d’un trouble à part entière au travers duquel des pathologies multiples sont susceptibles d’apparaitre. Si le fait de se retrouver devant une pile de dossiers inachevés parait presque aussi angoissant que de se retrouver nez à nez face à un lion affamé, c’est que les expressions physiologiques du stress sont les mêmes dans ces deux situations.
Il ne s’agit donc pas de négliger la nature de la menace qui peut être réelle, imaginée ou surestimée mais plutôt de saisir le fonctionnement inhérent au système de stress qui demeure profondément enracinés en chacun d’entre nous.

Ce processus fait intervenir l’amygdale qui est la pièce maitresse du système archaïque de la peur (fuite / lutte).
En ce sens, l’amygdale enregistre le vecteur émotionnel de chaque expérience pour nous alerter par la suite en cas de menace. Son fonctionnement s’appuie sur les anciens schémas de survie qui ont sélectionné les comportements les plus adaptés dans les situations de danger. De cette manière, lorsque l’amygdale détecte une menace potentielle sur la base de l’ensemble des expériences qu’elle a enregistré implicitement, elle va activer notre système nerveux autonome sympathique par la sécrétion du cortisol, qui est l’hormone du stress, et nous prépare ainsi à réagir au danger. Elle va également activer le système endocrinien, pour nous préparer, par sécrétion de l’adrénaline, à l’action. L’amygdale représente en quelque sorte le fidèle chien de garde qui nous protège toute notre vie en nous mettant en alerte au moindre danger.
Ainsi, chaque organisme dispose d’une forme de conscience plus où moins sophistiquée afin de préserver son intégrité et grâce à laquelle il peut s’adapter à son environnement et évoluer.
Ainsi, bien qu’il joue un rôle essentiel pour la sauvegarde de l’espèce, le stress, s’il est trop actif, rompt l’homéostasie et devient véritablement délétère pour l’organisme.

Ces dernières années, Antonio R. Damasio, célèbre neuroscientifique, a révolutionné la modélisation du fonctionnement du cerveau en sortant du point de vue mécanique et réductionniste et en y incluant notamment le rôle des émotions et des marqueurs somatiques.
Si en pleine canicule je vous suggère par exemple d’aller manger une raclette, il est fort probable que vous perceviez une sensation désagréable dans le ventre qui incarne une émotion proche du dégoût. Ce phénomène illustre l’expression d’un marqueur somatique: Selon Damasio, les émotions (qui étymologiquement représentent le « mouvement de l’intérieur ») appartiennent au corps et nous disposons tous d’une trace émotionnelle qui nous fait réagir sur la base de notre expérience face un un stimulus externe.

Lorsque nous sommes soumis au stress, la boule au ventre, la voix nouée, le souffle court sont autant de marqueurs somatiques qui se manifestent corporellement en écho à cette émotion.
Le stress, n’est donc pas seulement un mouvement qui habite notre esprit et qui s’appuie sur des modifications hormonales, mais un état physiologique qui envahit tout notre Être.
Lorsque nous sommes en état de dépression, la posture, la voix, le regard sont autant marqués par les idées noires que les pensées.
Le corps n’est donc pas seulement un véhicule qui nous transporte mais le témoin silencieux qui porte en mémoire notre histoire de vie.

  • Par le biais des outils psychocorporels, il est alors possible de:
  • Distancer les réactions de stress en apprenant à observer les marqueurs somatique
  • Se libérer de certaines mémoires liées au stress
  • Intégrer les réflexes de danger (Moro, réflexe de paralysie par la peur, réflexe tendineux de protection)
  • Fluidifier la circulation des informations qui nous traversent

En apaisant son amygdale et en sortant des schémas de stress, il est alors possible de tisser de nouveaux circuits de pensées, d’apaiser son corps et son esprit et d’en apprendre en peu plus sur soi….

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